Les élections législatives du 8 octobre prochain représentent une échéance cruciale pour l’avenir du Grand-Duché. Le Luxembourg fait difficilement face à la croissance démographique pourtant essentielle pour la pérennité de son modèle économique et social.
Un développement urbain à la traine
N’en déplaise à certains, le Luxembourg a besoin de se développer bien plus rapidement afin de permettre à la capitale d’attirer et de retenir plus facilement de nouveaux travailleurs ainsi qu’offrir des espaces de vie décents à ceux qui y vivent ou qui décident de s’y installer. L’accompagnement d’une telle croissance repose essentiellement sur l’extension de l’offre de logements et des infrastructures de services publics qui s’y rattachent. Autant de sujets sur lesquels le Luxembourg cumule des retards colossaux depuis des décennies.

Des perdants du système de plus en plus nombreux
Le statu quo actuel fait de nombreux dégâts sur lesquels il convient d’ouvrir les yeux. Parmi les perdants de cette léthargie politique, il convient de mentionner les non-résidents (parmi lesquels de plus en plus de Luxembourgeois) forcés à l’exil au-delà des frontières nationales en raison de la pénurie de logements et de leurs prix exorbitants. De même, il convient de mentionner les travailleurs résidents, provenant souvent de l’étranger, et qui vivent dans des colocations allant parfois jusqu’au-delà d’une dizaine personnes pour une seule maison au vu de la pénurie et des côuts des logements disponibles.
Quant à la précarité sociale, plus d’un habitant sur cinq peine désormais à joindre les deux bouts, selon une étude récente du Statec, dont la raison principale constitue les loyers exorbitants qui sont la conséquence directe d’une offre qui est complètement décorrélée par rapport à la demande.
Une crise du logement qui accentue les écarts de richesse
Pendant ce temps, les terrains vagues restent omniprésents un peu partout au centre de la ville de Luxembourg. Que ce soit à Hollerich, sur la place de l’Etoile ou encore sur le plateau du Kirchberg pour ne nommer que ces trois exemples, cet aveu d’échec, consistant à ne pas avoir su, et ce depuis des décennies, exploiter ces surfaces désertes pour en faire des lotissements, marque une forme de mépris ouvert par rapport à tous ceux qui n’ont pas la capacité d’acheter, voire de louer un bien au Luxembourg. Pendant ce temps, de nombreux propriétaires, profitant de fait de la pénurie de logements et de la forte augmentation des prix du foncier, s’enrichissent de manière vertigineuse. Faisant la plupart du temps partie du cœur de l’électorat luxembourgeois, les principaux partis politiques n’ont pas particulièrement intérêt à trop bousculer les privilèges de leurs électeurs propriétaires, au détriment des moins aisés, le plus souvent locataires. Toutefois, une explosion aussi malsaine des écarts de richesse ne peut à terme que nuire à la cohésion sociale.
Faire primer de nouveau l’intérêt général sur les intérêts particuliers
Depuis bien trop longtemps, les intérêts particuliers réussissent à entraver la réalisation de projets d’intérêt général au Luxembourg. La crise du logement en est une des manifestations les plus visibles, et elle engendre des conséquences catastrophiques à la fois vers l’éxtérieur, en termes d’attractivité du pays, et vers l’intérieur, en termes d’inégalités sociales et de précarité.
Les solutions existent, encore faut-il la volonté politique afin de les mettre pleinement en œuvre
Les procédures administratives et judiciaires doivent être simplifiées et les recours limités dans le temps. L’Etat dispose actuellement déjà de suffisamment de terrains afin d’y construire 25.000 logements, sans même devoir recourir à l’acquisition de terrains privés. Qu’attend-on au juste afin de les exploiter? De nombreuses mesures ont été proposées au cours des dernières années, émanant aussi bien du monde politique que de la société civile, afin de favoriser la construction de nouvelles habitations (notamment celles à des prix abordables) et le développement des infrastructures. Il s’agit désormais de mettre en oeuvre la volonté politique et de créer le cadre législatif et réglementaire permettant pleinement leur réalisation dans un délai raisonnable. L’avenir du pays en dépendra.