« La fin de l’abondance » : preuve de l’absence de vision face aux défis imminents

La formule utilisée par le président français Emmanuel Macron lors de son allocution de rentrée a déjà fait couler beaucoup d’encre. En effet, ce dernier se référait à la fin de l’abondance pour alerter principalement sur le besoin de converger vers davantage de sobriété en matière énergétique et préparer la population à une hausse durable des prix, notamment en matière de fourniture d’électricité, de gaz et de carburants.

Toutefois, la crise écologique actuelle dépasse de loin le défi de la sobriété énergétique. Elle nous oblige à repenser plus fondamentalement notre rapport à nous-même, aux autres et à notre environnement. Réinventer ce lien nous amène à cultiver notre Être (I) et à revoir notre rapport au temps, ce dernier étant au fondement de la crise écologique et civilisationnelle que nous traversons aujourd’hui (II).

I. Concevoir une écologie en dépassant le règne de l’immédiateté

Nos plus jeunes grandissent aujourd’hui dans un environnement ravagé par la consommation permanente dès leur plus jeune âge. Les réseaux sociaux, qui ont infesté les relations sociales par l’exacerbation narcissique, n’ont aucune autre finalité que d’inciter à la consommation permanente. Nous portons aujourd’hui collectivement la responsabilité de l’exposition des jeunes générations au culte de l’instantané, de la compulsion et du superficiel.

Quant à l’école, plus qu’éduquer les élèves, elle tend à les conditionner à être aptes à intégrer un jour le marché du travail. L’éducation des enfants néglige le plus souvent le développement de leurs propres talents créatifs, ce qui permettrait toutefois de révéler de nombreuses vocations. La hiérarchisation des savoirs à l’école (les sciences sont mieux perçues que les arts par exemple) en est la preuve la plus éclatante et le nombre faramineux de trop-pleins liés au travail, les fameux « burn-outs », une des conséquences les plus notables.

II. Réinventer notre rapport au temps : Un passage indispensable pour aspirer à un mode de vie durable

ll apparait aujourd’hui plus que jamais nécessaire de libérer du temps pour se consacrer à des activités qui enrichissent l’Etre, dont en premier lieu des activités permettant de créer du lien avec soi et les autres. Afin de sortir du règne de l’immédiateté, il convient de réinvestir des activités créatives reposant sur l’élaboration mentale qui permettent de créer et d’imaginer un avenir meilleur. Et pour cela, il est fondamentalement nécessaire de reprendre le pouvoir sur le temps.

Quant au travail, la réduction du temps qui y est consacré est une mesure qui s’impose de manière urgente. La digitalisation aurait dû permettre de libérer du temps de travail, il semblerait aujourd’hui que tout l’inverse soit vrai. L’inondation permanente de flux informationnels qui augmentent considérablement la charge mentale s’oppose à toute réflexion plus ou moins élaborée. Par ailleurs, consacrer moins de temps à un travail salarié permettrait aussi de mieux s’occuper de l’éducation des plus jeunes et de soigner les ainés. Ce temps libéré inviterait à réfléchir à ses actions, à réinvestir des relations sociales de qualité et à apprendre de nouvelles choses, à découvrir de nouvelles passions, à réinvestir des espaces civiques et à devenir pleinement citoyens. En somme, à permettre de collectivement œuvrer à un monde meilleur, un autre monde que celui qui se désole de la fin de l’abondance de la surconsommation.

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