
Maison de village à El Acebo
Du 5 au 19 octobre dernier, je me suis lancé sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle pour parcourir les 300 derniers kilomètres entre Léon et l’arrivée à Santiago. Dopé de bonnes raisons personnelles à me lancer dans cette aventure à ce stade de ma vie, je n’ai pas réfléchi deux fois avant d’y aller. Après avoir réussi à arracher deux semaines consécutives de congé au boulot (ce qui n’a rien d’évident durant la première année dans la vie professionnelle en Belgique) je suis parti le plus rapidement possible. J’avais tout de suite compris que j’avais reçu cet « appel du chemin » comme l’appellent les pèlerins pour signifier que le temps est venu pour se lancer sur le camino et je me suis rendu compte jour après jour à quel point c’était la bonne chose à faire au bon moment.
Pas plus de trois semaines se sont écoulées entre la prise de décision de faire le chemin jusqu’au jour où j’ai débuté ma marche. Je n’avais jamais auparavant fait une vraie expérience de « backpacker » pendant une durée de plusieurs jours. Il a suffi que je me lance pour me découvrir une nouvelle passion. Le goût de l’aventure et la spontanéité des expériences vécues m’ont fait changer de perspective sur la raison même et la manière de voyager.
Quant à la manière dont j’avais envisagé mon camino, j’ai voulu me lancer seul et faire mon chemin dans la solitude afin d’absorber tous les signes et les révélations au fur et à mesure de mes pas. Ceci ne m’a pas empêché de faire des rencontres sur le chemin voire le soir dans les auberges et de rencontrer des personnes avec leurs histoires incroyablement intéressantes. Ce qui frappe sur le chemin est cet esprit de bienveillance qui domine les échanges entre pèlerins et cette égalité entre tous. En effet, sur le camino, personne ne va vous juger pour vos habits (heureusement d’ailleurs), et il n’importe pas non plus vraiment ce que vous faites dans la vie ou si vous avez de l’argent ou non. Tout le monde s’en fout.
Sur le chemin, on s’intéresse à l’autre pour ce qu’il est, pour ce qu’il ressent et pour ses motivations liées à cette marche. C’est simplement génial. De même, les nuitées dans des dortoirs allant jusqu’à 100 lits, les fanfares de ronflements, les douleurs liées au sac à dos, les ampoules et les tendinites ne font que rajouter de l’authenticité à l’expérience. Et surtout, cela permet de relativiser par rapport aux choses qui nous sont parfois désagréables dans la vie de tous les jours. Le camino nous apprend aussi qu’il y a une force dans la simplicité consistant à ne pas s’épuiser en se prenant la tête pour des choses qui n’en valent pas la peine.
En ce sens, le chemin vers Saint-Jacques de Compostelle a été pour moi fort émouvant ce qui est tant lié aux raisons m’ayant poussé à m’y rendre comme en raison de l’apparition progressive en cours de chemin à travers la réflexion, les ressentis et les rencontres de signes et de révélations entrainant des bonnes résolutions pour moi-même avec lesquelles je suis reparti dans ma vie quotidienne. En voici quelques-unes:

Les vaches dans les prés de Foncebadon
Nos fausses croyances comportent l’ensemble des pensées qui nous éloignent du chemin de l’amour. La voie du bonheur consiste à les remettre en question et à s’en éloigner avec courage et détermination.

Chemins montagneux entre Rabanal del Camino et Ponferrada
Sache valoriser les personnes qui te veulent du bien. Ne prends pas leur amour et leur bienveillance pour acquis. Remercie-les des moments passés ensemble et rends-leur ce qu’ils te donnent.

Lever du soleil à Sarria
Sois bienveillant et aimant à ton propre égard. Ainsi tu le seras aussi vis-à-vis de ton entourage.

Paysages sous la pluie à O Cebreiro
Tu ne peux pas revenir sur ton passé, mais tu peux en tirer tous les enseignements nécessaires afin de mieux avancer dans ta vie.

Chemin menant à Villafranca del Abierzo
Tu as le droit de parfois douter et d’avoir peur. Mais ne laisse pas ces sentiments guider tes actions. Et rappelle-toi toujours que là où il n’y a pas de peur, il n’y a pas de courage. Tu n’auras jamais de certitude à 100% et tu pourras toujours trouver un moyen de douter. Le bonheur remplit ceux qui osent et se lancent. Aie foi en l’avenir. Dis « oui » à la vie.

Fisterra, le bout du monde
Les erreurs sont humaines. Sache les reconnaître pour apprendre et t’en excuser pour le tort qu’elles ont pu causer. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Lever du soleil à Hospital de Orbigo
Raisonne à partir de ta tête, mais ne prends pas de décision importante sans avoir consulté l’avis de ton cœur et celui de tes tripes. Prends tes décisions en conscience de la plénitude de ton être.

La plage au bout du monde (Fisterra)
Apprends à te nourrir des merveilles de ce monde. Elles sont partout, il suffit de vouloir les voir.

Coucher du soleil au Cabo Fisterra
Si vous êtes arrivé jusqu’au bout je vous remercie d’avoir pris le temps nécessaire à la lecture. N’hésitez pas à me faire part de vos remarques si vous en avez envie, je serais ravi de les lire. Si vous hésitez à faire le chemin ou pensez le faire un jour, je ne peux que vous encourager à y aller. Croyez-moi ca vaut la peine. Le chemin peut changer votre vie. En ce sens: Buen camino!
Très bel article qui décrit bien cette expérience ” extra – ordinaire”. Une rencontre comme on aime en faire, je me souviens de cette réciproque attraction qui nous a conduit à partager de très beaux moments. Je te souhaite tout le meilleur pour la suite dans cette formidable aventure qu’est la vie.
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