Dans un article publié suite aux attentats du 13 novembre, j’avais mis en garde contre les conséquences de moyen et de long terme que peut engendrer le traumatisme des massacres perpétrés ainsi que contre le fait de prendre des mesures dans l’instantanéité qui dépassent la proportion et le cadre du « strictement nécessaire » sur lequel est fondé notre Etat de droit. Malheureusement, la proportion n’a pas été au rendez-vous dans la période suivant les attentats. Les annonces du président de la République lors du Congrès de Versailles du 16 novembre, qui nous entrainent vers une révision constitutionnelle ni souhaitable, ni nécessaire, en sont la meilleure preuve. Continue reading
Tag Archives: révision constitutionnelle
Constitutionnaliser l’état d’urgence, c’est accorder une victoire au terrorisme
« Le pacte de sécurité l’emporte désormais sur le pacte de stabilité », tels ont été les mots prononcés par le président Hollande devant le Parlement réuni en Congrès quelques jours seulement après les attentats du 13 novembre. Le président a annoncé à la même occasion la création de 5 000 postes dans la police et la gendarmerie en deux ans, 2 500 dans la justice (notamment dans l’administration pénitentiaire) et 1 000 dans les douanes, pour faire face au renforcement des contrôles aux frontières. La période actuelle que traverse la France nécessite des mesures exceptionnelles afin de protéger au mieux la population face à une menace terroriste particulièrement élevée en ce moment. Un renforcement des effectifs de police est en ce sens une mesure légitime, à la fois pour répondre à l’attente des Français et pour renforcer ces effectifs qui ont été considérablement diminués notamment sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Ces mesures font partie du bon sens aussi longtemps qu’elles restent temporaires, nécessaires et proportionnées par rapport à une menace terroriste imminente.
Continue reading
L’échec de la campagne référendaire et le fossé grandissant entre la classe dirigeante et le peuple
Le référendum du 7 juin dernier a démontré très clairement que les Luxembourgeois restent attachés aux valeurs de leur identité telles la nationalité et la langue. S’il était possible de s’attendre à ce que le « non » à la question de l’ouverture du droit de vote aux résidents étrangers réunisse une majorité des votants derrière lui, il n’était pourtant pas vraiment prévisible que quasiment quatre électeurs sur cinq se prononceraient aussi clairement contre les propositions issues de la majorité parlementaire en vue d’intégrer la réforme constitutionnelle prévue en 2017, en particulier quant aux deux autres questions posées concernant l’ouverture du droit de vote facultatif aux mineurs de plus de 16 ans et la limitation des mandats ministériels à 10 années consécutives.
L’expérience du 7 juin dernier a ainsi démontré qu’il existe de plus en plus un fossé entre les représentants et le peuple luxembourgeois, un fossé qui pendant la campagne référendaire a été quelque peu ébloui du fait d’un lobbying important du « oui » mais qui finalement n’a pas pu masquer un malaise allant crescendo. Continue reading